Histoire Culturelle De La France by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Manuel, France, histoire
ISBN: 9782200273095
Éditeur: Philippique - GIGA (Phil6394 - TAZ)
Publié: 2011-05-18T12:25:35+00:00

1.2. Une décennie abstraite

1.2.1. Le second souffle du surréalisme

Le surréalisme a perdu après 1945 sa charge de provocation sociale. Dès la fin de la guerre, la peinture surréaliste s’est intégrée, comme un des chapitres, glorieux certes, de l’histoire de l’art contemporain. Elle est définitivement consacrée par l’Exposition internationale de 1938, suivie de nombreuses autres en 1947 puis en 1959.

Après un séjour à New York pendant la guerre, qui ne sera pas sans influencer de nombreux jeunes artistes américains, les surréalistes réintègrent une place toujours centrale bien qu’ambiguë : décalés par rapport à la création strictement contemporaine, ils tentent pourtant de se l’approprier par des discours de légitimation théorique ou de filiation artistique. Le surréalisme est donc en position de réussir sa « greffe » sur certains rameaux de l’art contemporain. Un certain rapprochement s’opère par exemple avec le mouvement de l’abstraction lyrique qui utilise le concept surréaliste d’« automatisme » dans une technique proche de l’Action Painting américaine. Ainsi, de jeunes artistes abstraits telle Marcelle Loubchansky connaissent durablement la tentation du surréalisme. Par ailleurs, André Breton, le gardien du temple surréaliste durant toutes ces années, exprime avec son livre L’Art des fous, la clé des champs (1951) l’intérêt porté aux peintures marginales, de fous, d’enfants, de civilisations primitives, qui constituent précisément le lieu de création d’un nouveau mouvement prenant naissance et consistance après la guerre : l’art brut.

Après la Seconde Guerre mondiale qui ruine définitivement l’estime portée à la civilisation industrielle et qui remet violemment en cause la modernité, un besoin de retour aux sources se fait jour mais aussi une attention inquiète à toutes les esthétiques, du non-rationnel. Cette sensibilité générale est nourrie par des découvertes scientifiques, comme celle, capitale, des grottes de Lascaux en 1940, plus tard étudiées par Georges Bataille dans Lascaux ou la naissance de l’art (1955). Art préhistorique, arts primitifs, océanien ou amérindien, art des fous avec les quelques expositions organisées au centre psychiatrique de Sainte-Anne autour d’œuvres de malades mentaux, sont le terreau privilégié de ce que Jean Dubuffet dès 1945 dénomme « l’art brut ». Théorisé et finalement créé par Dubuffet, l’art brut, dès 1949, est exposé chez Drouin. La peinture de Dubuffet, de Fautrier ou de Gaston Chaissac rencontre pareillement ce désir diffus de saisir une vérité élémentaire de l’homme, à travers le jeu sur la matière picturale, le goût pour le travail du matériau.

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